Read Collected Poems in English and French Page 4
without this sky that soars
above its ballast dust
what would I do what I did yesterday and the day before
peering out of my deadlight looking for another
wandering like me eddying far from all the living
in a convulsive space
among the voices voiceless
that throng my hiddenness
je voudrais que mon amour meure
qu'il pleuve sur le cimetière
et les ruelles où je vais
pleurant celle qui crut m'aimer
I would like my love to die
and the rain to be raining on the graveyard
and on me walking the streets
mourning her who thought she loved me
POEME 1974
hors crâne seul dedans
quelque part quelquefois
comme quelque chose
crâne abri dernier
pris dans le dehors
tel Bocca dans la glace
l'oeil à l'alarme infime
s'ouvre bée se rescelle
n'y ayant plus rien
ainsi quelquefois
comme quelque chose
de la vie pas forcément
Something There
something there
where
out there
out where
outside
what
the head what else
something there somewhere outside
the head
at the faint sound so brief
it is gone and the whole globe
not yet bare
the eye
opens wide
wide
till in the end
nothing more
shutters it again
so the odd time
out there
somewhere out there
like as if
as if
something
not life
necessarily
1974
PART III
TRANSLATIONS FROM FRENCH POETS
with the original poems
PAUL ELUARD
L'amoureuse
Elle est debout sur mes paupières
Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.
Elle a toujours les yeux ouverts
Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.
(Mourir de ne pas mourir, 1924)
Lady Love
She is standing on my lids
And her hair is in my hair
She has the colour of my eye
She has the body of my hand
In my shade she is engulfed
As a stone against the sky
She will never close her eyes
And she does not let me sleep
And her dreams in the bright day
Make the suns evaporate
And me laugh cry and laugh
Speak when I have nothing to say
(Dying of Not Dying, 1924)
A perte de vue dans le sens de mon corps
Tous les arbres toutes leurs branches toutes leurs feuilles
L'herbe à la base les rochers et les maisons en masse
Au loin la mer que ton oeil baigne
Ces images d'un jour après l'autre
Les vices les vertus tellement imparfaits
La transparence des passants dans les rues de hasard
Et les passantes exhalées par tes recherches obstinées
Tes idées fixes au coeur de plomb aux lèvres vierges
Les vices les vertus tellement imparfaits
La ressemblance des regards de permission avec les yeux
que tu conquis
La confusion des corps des lassitudes des ardeurs
L'imitation des mots des attitudes des idées
Les vices les vertus tellement imparfaits
L'amour c'est l'homme inachevé.
Out of Sight in the Direction of my Body
All the trees all their boughs all their leaves
The grass at the base the rocks the massed houses
Afar the sea that thine eye washes
Those images of one day and the next
The vices the virtues that are so imperfect
The transparence of men that pass in the streets of hazard
And women that pass in a fume from thy dour questing
The fixed ideas virgin-lipped leaden-hearted
The vices the virtues that are so imperfect
The eyes consenting resembling the eyes though didst
vanquish
The confusion of the bodies the lassitudes the ardours
The imitation of the words the attitudes the ideas
The vices the virtues that are so imperfect
Love is man unfinished.
A peine défigurée
Adieu tristesse
Bonjour tristesse
Tu es inscrite dans les lignes du plafond
Tu es inscrite dans les yeux que j'aime
Tu n'es pas tout à fait la misère
Car les lèvres les plus pauvres te dénoncent
Par un sourire
Bonjour tristesse
Amour des corps aimables
Puissance de l'amour
Dont l'amabilité surgit
Comme un monstre sans corps
Tête désappointée
Tristesse beau visage.
(La vie immédiate, 1932)
Scarcely Disfigured
Farewell sadness
Greeting sadness
Thou art inscribed in the lines of the ceiling
Thou art inscribed in the eyes that I love
Thou art not altogether want
For the poorest lips denounce thee
Smiling
Greeting sadness
Love of the bodies that are lovable
Mightiness of love that lovable
Starts up as a bodiless beast
Head of hope defeated
Sadness countenance of beauty
(The Immediate Life, 1932)
Seconde nature
En l'honneur des muets des aveugles des sourds
A la grande pierre noire sur les épaules
Les disparitions du monde sans mystère
Mais aussi pour les autres à l'appel des choses par leur nom
La brûlure de toutes les métamorphoses
La chaîne entière des aurores dans la tête
Tous les cris qui s'acharnent à briser les mots
Et qui creusent la bouche et qui creusent les yeux
Où les couleurs furieuses défont les brumes de l'attente
Dressent l'amour contre la vie les morts en rêvent
Les bas-vivants partagent les autres sont esclaves
De l'amour comme on peut l'être de la liberté.
(L'amour la poésie, 1929)
Second Nature
In honour of the dumb the blind the deaf
Shouldering the great black stone
The things of time passing simply away
But then for the others knowing things by their names
The sear of every metamorphosis
The unbroken chain of dawns in the brain
The implacable cries shattering words
Furrowing the mouth furrowing the eyes
Where furious colours dispel the mists of vigil
Set up love against life that the dead dream of
The low-living share the others are slaves
Of love as some are slaves of freedom
(Love, Poetry, 1929)
La vue
à Benjamin Péret
A l'heure où apparai
ssent les premiers symptômes de
la viduité de l'esprit
On peut voir un nègre toujours le même
Dans une rue très passante arborer ostensiblement une
cravate rouge
Il est toujours coiffé du même chapeau beige
Il a le visage de la méchanceté il ne regarde personne
Et personne ne le regarde.
Je n'aime ni les routes ni les montagnes ni les forêts
Je reste froid devant les ponts
Leurs arches ne sont pas pour moi des yeux je ne me
promène pas sur des sourcils
Je me promène dans les quartiers où il y a le plus de
femmes
Et je ne m'intéresse alors qu'aux femmes
Le nègre aussi car à l'heure où l'ennui et la fatigue
Deviennent les maîtres et me font indifférent à mes désirs
A moi-même
Je le rencontre toujours
Je suis indifférent il est méchant
Sa cravate doit être en fer forgé peint au minium
Faux feu de forge
Mais s'il est là par méchanceté
Je ne le remarque que par désoeuvrement.
Scene
At the hour when the first symptoms of mental viduity
make themselves felt
A negro is to be seen always the same negro
In a most thoroughfare ostensibly swanking a red tie
He always sports the same beige hat
He has the features of spite he looks at no one
And no one looks at him
I love neither roads nor mountains nor forests
Bridges leave me cold
I do not see their arches as eyes I am not in the habit of
walking on brows
I am in the habit of walking in quarters where there are
the most women
And then I am interested only in women
The negro also for at the hour when boredom and fatigue
Daunt and detach me from desires
Then I meet him always
I am detached he is spiteful
His tie is certainly wrought iron with a coat of red-lead
False forge fire
But whether or not he is there out of spite
It is certain that I only notice him for want of something
better to do
Un évident besoin de ne rien voir traîne les ombres
Mais le soir titubant quitte son nid
Qu'est-ce que ce signal ces signaux ces alarmes
On s'étonne pour la dernière fois
En s'en allant les femmes enlèvent leur chemise de lumière
De but en but un seul but nul ne demeure
Quand nous n'y sommes plus la lumière est seule.
Le grenier de carmin a des recoins de jade
Et de jaspe si l'œil s'est refusé la nacre
La bouche est la bouche du sang
Le sureau tend le cou pour le lait du couteau
Un silex a fait peur à la nuit orageuse
Le risque enfant fait trébucher l'audace
Des pierres sur le chaume des oiseaux sur les tuiles
Du feu dans les moissons dans les poitrines
Joue avec le pollen de l'haleine nocturne
Taillée au gré des vents l'eau fait l'éclaboussée
L'éclat du jour s'enflamme aux courbes de la vague
Et dans son corset noir une morte séduit
Les scarabées de l'herbe et des branchages morts.
Parmi tant de passants.
(La vie immédiate, 1932)
The shadows are yoked to an obvious determination to
see nothing
But forth from its nest the evening staggers
What is that signal those signals those alarums
It is the last astonishment of the evening
The women departing slip off their chemises of light
All of a single sudden not a soul remains
When we are gone the light is alone
The carmine loft has nooks of jade
And jasper if the eye shuns nacre
The mouth is the mouth of the blood the elder
Cranes its neck for the milk of the blade
A flint has cowed the tempestuous night
Risk infant trips up daring
Stones on the stubble birds on the tiles
Fire in the harvests in the breasts
Playing with the pollen of the breath of the night
Hewn at the hands of the winds the water
Catches up her skirts and the scrolls of wave
Set the spark of dawn aflame
And in her black bodice a corpse seduces
The scarabs of the grass and of the dead boughs
In a so thoroughfare
(The Immediate Life, 1932)
L'univers-solitude
1
Une femme chaque nuit
Voyage en grand secret.
2
Villages de la lassitude
Où les filles ont les bras nus
Comme des jets d'eau
La jeunesse grandit en elles
Et rit sur la pointe des pieds.
Villages de la lassitude
Où tous les êtres sont pareils.
3
Pour voir les yeux où l'on s'enferme
Et les rires où l'on prend place.
4
Je veux t'embrasser je t'embrasse
Je veux te quitter tu t'ennuies
Mais aux limites de nos forces
Tu revêts une armure plus dangereuse qu'une arme.
Universe-Solitude
1
A woman every night
Journeys secretly.
2
Villages of weariness
Where the arms of girls are bare
As jets of water
Where their youth increasing in them
Laughs and laughs and laughs on tiptoe
Villages of weariness
Where everybody is the same.
3
To see the eyes that cloister you
And the laughter that receives you.
4
I want to kiss thee I do kiss thee
I want to leave thee thou art tired
But when our strengths are at the ebb
Thou puttest on an armour more perilous than an arm.
5
Le corps et les honneurs profanes
Incroyable conspiration
Des angles doux comme des ailes.
— Mais la main qui me caresse
C'est mon rire qui l'ouvre
C'est ma gorge qui la retient
Qui la supprime.
Incroyable conspiration
Des découvertes et des surprises.
6
Fantôme de ta nudité
Fantôme enfant de ta simplicité
Dompteur puéril sommeil charnel
De libertés imaginaires.
7
A ce souffle à ce soleil d'hier
Qui joint tes lèvres
Cette caresse toute fraîche
Pour courir les mers légères de ta pudeur
Pour en façonner dans l'ombre
Les miroirs de jasmin
Le problème du calme
5
The body and the profane honours
Incredible conspiracy
Of the angles soft as wings.
But the hand caressing me
It is my laughter that unclasps it
It is my throat that clings to it
That ends it
Incredible conspiracy
Of the discoveries and surprises.
6
Phantom of thy nudity
Phantom child of thy simplicity
Child victor carnal sleep
Of unreal liberties.
7
It is the breath the yestersun
Joining thy lips
And it is the
caress the fresh caress
To scour the frail seas of thy shame
To fashion them in gloom
It is the mirrors of jasmine
The problem of calm.
8
Désarmée
Elle ne se connaît plus d'ennemis.
9
Elle s'allonge
Pour se sentir moins seule.
10
J'admirais descendant vers toi
L'espace occupé par le temps
Nos souvenirs me transportaient
Il te manque beaucoup de place
Pour être toujours avec moi.
11
Déchirant ses baisers et ses peurs
Elle s'éveille la nuit
Pour s'étonner de tout ce qui l'a remplacée.
8
Disarmed
She knows of no enemy.
9
She stretches herself
That she may feel less alone.
10
I admired, descending upon thee
Time in the chariot of space
Our memories transported me
Much room is denied thee
For ever with me.
11
Rending her kisses and her fears
She wakes in the night
To wonder at all that has replaced her.
Confections
1
La simplicité même écrire
Pour aujourd'hui la main est là.
2
Il faut voir de près
Les curieux
Quand on s'ennuie.
3
La violence des vents du large
Des navires de vieux visages